Go Set A Watchman a été redigé avant To Kill a Mockingbird mais fut découvert des décennies plus tard. Nous retrouvons les mêmes personnages qui habitent la ville de Maycomb: Scout (Jean Louise Finch), son père Atticus, son frère Jem. Il y a également la tante Alexandra en dame patronesse, Scout en jeune fille rebelle. L’atmosphere étouffante décrite avec une forte acuité et un humour libérateur est portée par la voix de la tante Alexandra, représentante de la bonne société de Maycomb. Quand la tante Alexandra porte des corsets, Jean Louise porte des pantalons larges.

Comme une tragédie grecque, il y a des personnages centraux et un choeur, composé de l’oncle Jack, de Jem et du petit ami de Jean Louise qui fournissent le contexte et des explications à Jean Louise et au lecteur. L’élément déclencheur est le petit livret raciste que Jean Louise découvre dans les papiers de son père. C’est un accident, un coup de vent fait virevolter des papiers posés sur une petite table et fait voler en éclat l’image que Jean Louise avait de son père (intéressant quand on a lu To Kill a Mockingbird avant).

Le séjour de Jean Louise – la New-Yorkaise – à Maycomb aurait pu se dérouler sans accroc mais grâce à cela et l’intervention de plusieurs personnages dont l’Oncle Jack, Jean Louise va ouvrir les yeux sur la crue réalité d’un petit village du sud des Etats-Unis au milieu des années 50. La situation est beaucoup plus complexe que ce qu’imagine initialement Jean Louise.                                                                                                                              On se régale des descriptions vivantes, truculentes et pleines d’humour des personnages du Vieux Sud.

Where The Crawdads Sing est le premier roman de Delia Owens, zoologiste reconnue.

Where The Crawdads Sing est à la fois un endroit physique situé dans un bayou de Caroline du Nord et un endroit symbolique dans lequel se réfugie Kya, petite fille abandonnée devenue une jeune femme malmenée par la vie. C’est un roman à plusieurs entrées. Un roman naturaliste, où l’on perçoit dans les descriptions photographiques de la nature, le bagage scientifique de l’auteur. On assiste fasciné à la scène de copulation mortelle d’une mante religieuse comme si on la voyait à travers un microscope ou aux moments de cène des mouettes sur la plage. C’est une célébration de la nature et un appel vivifiant à la communion de l’homme avec la nature. C’est aussi un roman d’apprentissage où l’on suite l’évolution de Kya à travers les âges, les sentiments et les aventures. Les descriptions extrèmement fines rendent parfaitement l’atmosphere étouffante des petites bourgades provinciales pleines de préjugés. Kya fait l’apprentissage de l’Autre, de la feminité, du deuil et de l’amour.

Enfin, c’est un roman policier dans lequel le suspense est impeccablement distillé et captivant avec en arrière-plan, par quelques détails glissés ici et là, les conditions de vie des Afro-Americains pendant la Ségrégation.

La bonne nouvelle c’est qu’il est traduit en Français (mais je ne sais pas ce que vaut la traduction)

En préparation du roadtrip, je suis allée faire un tour au Barnes&Noble de Union Square. Je ne recherchais pas nécessairement de livres en rapport direct avec notre roadtrip mais plutôt des lectures prenantes à savourer au fond du camping-car. Pourtant, quand j’ai vu le titre et l’illustration de la couverture du livre de Jessica Bruder, je me suis dit que je ne pouvais pas passer à côté. Puis, j’ai lu la quatrième de couverture. Jessica Bruder est une journaliste d’investigation et son récit des conditions de vie aux Etats-Unis d’adultes retraités devenus nomades par la force des choses (la crise de 2008 a beaucoup aidé) est haletant.

On découvre des personnages attachants comme Linda May qui pour survivre parcourt dans son mini van des kilomètres et passe des frontières d’Etats dans tous les sens. Elle rejoint les entrepôts d’Amazon (ils ont un programme dedié pour ces retraités : CamperForce) où de nuit, debout, sans pause, elle trie des marchandises aux côtés d’autres retraités dont les membres les font atrocement souffrir.

Elle alterne avec la maintenance des campings, juchée sur sa voiturette de golf, elle nettoie les emplacements, ramasse les détritus laissés par des campeurs peu respectueux, astique les toilettes communes. Elle côtoie d’autres nomades qui préfèrent aux entrepôts lugubres d’Amazon au Texas les champs de betteraves du Dakota du Nord. Mais Linda a un rêve, auquel elle s’accroche résolument pour survivre: construire sa propre maison sur un terrain qu’elle aura acquis. C’est une ode à la résilience sur fond de crise économique, face à un capitalisme dévorant l’humanité.

Bonne nouvelle, Nomadland est traduit en Français!

Ceux qui me connaissent bien (ou qui ont lu attentivement le blog) savent à quel point je suis passionnée par les populations indigènes des Etats-Unis. Généralement, je dévore tout ce qui me tombe sous la main à ce sujet. Je savais qu’au travers du road trip, nous serions amenés à découvrir et à apprendre une multitude de choses sur les différentes Premières Nations de ce territoire. J’ai donc mis dans mes bagages Bury My Heart at Wounded Knee de Dee Brown. Dee Brown a voulu retracer pour chaque grande tribu les circonstances de leurs contacts avec les colons européens du point de vue des protagonistes indigènes: Il décrit également la politique systématique de déportation et d’extermination de ces populations imaginée, financée, mise en place et exécutée au plus haut niveau de l’Etat américain. Je n’ai pas, à proprement parler, découvert des faits relatifs à la colonisation du continent. Toutefois, l’organisation du livre par chapitres pour chacune des Nations ainsi que le parti pris de l’auteur de se positionner du point de vue des victimes est assez innovant

Publié en 1970, il a été également traduit en français. Préparez-vous à être révolté.

Si ce sujet vous intéresse; je conseille également le roman de Dan Simmons – Collines noires, l’étude de Denys Delâge – le Pays renversé et La Résistance indienne aux Etats-Unis d’Elise Marienstras.