Toutes les bonnes choses ont une fin et nous quittons Yellowstone pour de nouvelles aventures dans le Wild Wild West !
Nous quittons le Parc national non sans faire une dernière petite marche en forme d’hommage sur Lake Butte d’où nous profitons à nouveau d’une vue magnifique sur le Lac. Les couleurs sont particulièrement vives sous un soleil triomphant. Yellowstone offre d’infinies possibilités de communion avec la nature et de réflexion sur le rôle de l’homme au sein de cette vie sauvage. Le haut de la butte est un petit espace de méditation isolé qui, en hiver, s’écarte un peu plus du tumulte extérieur en se recouvrant de plusieurs couches de neige qui abritent alors la forêt et le lac gelé.
Nous prenons la route pour rejoindre la sortie Est. Nous avons eu la chance rare de vivre ce séjour sans trop de nos congénères. Je tente de m’imprégner encore une fois de la beauté sauvage de Yellowstone, le nez collé à la fenêtre.
Sur le chemin, nous nous arrêtons au barrage de Buffalo Bill, immense barrage de 107 mètres sur la rivière Shoshone. Nous interrompons notre route saisis surtout par la beauté du fleuve. Celui-ci côtoie la Forêt Nationale Shoshone. Cette région du Wyoming doit son nom à la tribu des Premières Nations, les Shoshoni.
Les Shoshoni font partie des tribus des Premières Nations qui au moment de la colonisation européenne de leurs terres ont très vite adopté le cheval. Ce qui fait dire à certains anthropologues qu’un ancêtre du cheval devait exister sur les territoires amérindiens avant l’invasion européenne. Ils seront bien évidemment déportés et décimés par les colons européens puis américains – un des faits les plus marquants de l’histoire de leur contact avec les Blancs est le massacre de Bear River en janvier 1863.
Le centre d’information ainsi que les panneaux explicatifs sont particulièrement bien faits.
Nous repartons car notre destination finale de la journée est Cody – la Capitale Mondiale du Rodéo et nous avons justement le soir même une réservation pour un tournoi de rodéo.

Alors que Baby Boy branche le camping-car aux réseaux d’eaux usées et d’électricité de la ville, il est salué par nos voisins, un charmant couple de septuagénaires. Ils discutent rapidement de Cody et des spectacles de rodéo. Le couple a une réservation pour le lendemain soir. Inévitablement, la conversation aboutit à la question classique entre nomades : « de quel Etat venez-vous ? ». Ce à quoi Baby Boy répond « New Jersey ». La réponse ne se fait pas attendre : « Ah vous là-bas, vous êtes des libéraux, vous n’aimez pas Trump ». Baby Boy est bien obligé d’admettre qu’en effet le Président actuel n’est pas exactement notre tasse de thé. « Me, I love Trump. I love him, I love him » chantonne alors la petite septuagénaire. Baby Boy hausse les épaules tout en continuant de raccorder tous les tuyaux.
Nous faisons la vaisselle, faisons un peu de rangement, chargeons rapidement la batterie de l’appareil photo et nous repartons vers la sortie de la ville où un petit stade accueille les spectateurs, les chevaux, les taureaux et les cavaliers pour deux heures de maltraitance animale sous les sifflets, les hourras, les applaudissements et les rires.
A notre arrivée, nous prenons place sur les bancs en bois de l’amphithéâtre. Baby Boy s’est offert une bière et moi, j’ai calé ma gourde d’eau contre ma hanche. La tétine de Numéro Bis n’arrête pas de tomber entre les planches en bois de notre gradin que cela en devient lassant. Les rangées se remplissent peu à peu en respectant les règles de distanciation sociale.
Nous regardons les cavaliers s’échauffer au centre du terrain et j’explique à Baby Boy ce que j’ai appris plus tôt dans le Guide du Routard : les taureaux ont les testicules ficelés pour les énerver au maximum et les faire sauter dans tous les sens.
Puis sans coup férir, après quelques notes de musique, l’auditoire se lève comme un seul homme, la main sur le cœur. C’est l’hymne national américain et la déclaration d’allégeance au drapeau. Nous sommes les seuls à rester assis. Demi-Portion regarde autour d’elle comme si ses semblables venaient d’être frappés d’un mal inconnu. Nous lui expliquons de quoi il en retourne. Elle n’en est que plus interloquée. Suit alors un hommage aux forces armées « qui font des Etats-Unis d’Amérique le pays le plus libre du monde ». Je suis toujours stupéfaite de cette vénération constante pour le pauvre soldat envoyé loin de chez lui et qu’on affuble de qualités et de devoirs plus grands que lui.
Un monsieur loyal de pacotille anime la soirée en l’émaillant de blagues et de bons mots. Des enceintes crachent de la musique et nous nous retrouvons, en plein Cody, à écouter du Beyoncé, du Michael Jackson et de la Country mais étonnamment pas de Kanye West alors que ce rappeur devenu prêcheur-designer-candidat-à-l’élection-présidentielle est un résident officiel de la ville.
Le soleil se couche derrière les montagnes et embrase le ciel pendant que se succèdent sur le terrain en terre les concurrents qui tentent de démontrer leur agilité à attraper un veau et à l’immobiliser sous les encouragements du public. L’idée est de capturer et de ficeler les pattes du veau en un temps record à la manière des cowboys d’antan qui pourchassaient des veaux trop avides de liberté.
Baby Boy et Demi-Portion ont rejoint les bancs de l’estrade opposée pour avoir une meilleure vue sur les chevaux et les taureaux dans les corrals.
Vient ensuite l’épreuve la plus célèbre du rodéo, me semble-t-il, celle du Bronc Riding. Stetson noué sous le menton, chemise à carreaux et santiags aux pieds, les cavaliers doivent tenir au moins huit secondes sur le dos d’un cheval sauvage bien déterminé à se débarrasser de cet encombrant passager.

Nous assistons après au Bull Riding qui consiste à monter à cru un taureau entraîné pour l’occasion et tenir pendant huit secondes sur un animal bondissant, les parties génitales ficelées. Le cowboy tient d’une main une sorte de corde et lève sa main libre car il n’a pas le droit de toucher le taureau. Nombreux sont ceux qui ne tiennent pas le temps nécessaire et dans l’audience on entend plus souvent des soupirs collectifs que des hourras victorieux.
Le spectacle est émaillé de petits entr’actes pendant lesquels un Cowboy clown tente de faire rire les spectateurs avec ses pitreries et fait des gagner des t-shirts aux apprentis cowboys de moins de dix ans.
Les cavaliers poursuivent alors avec l’épreuve du Barrel Racing pendant laquelle les éperons percent frénétiquement les flancs de chevaux pour conclure le plus rapidement possible une boucle en trèfle autour de 3 tonneaux sans les faire tomber.
La soirée se termine par une dernière épreuve qui veut que deux cavaliers unissent leur force pour forcer un taureau à se soumettre et à s’allonger sur le sol. Plusieurs fois, le taureau semble se soumettre mais se relève d’un coup et échappe à l’emprise des hommes.

Je suis absolument contente d’avoir assisté à ce spectacle car c’est une tranche de vie populaire des Etats-Unis. Toutefois, je ne peux chasser un diffus sentiment de malaise.
J’imagine bien ton sentiment mitigé.. le côté show à l’américaine ambiance surchauffé exposant les pauvres bêtes..horrible ce qu’ on leur fait aux testicules…!!mais comme tu le dis justement c’est tellement américain… en même temps la tauromachie c’est pas tellement mieux.. mais bon je serai quand même curieuse de voir cela.. depuis dallas buyers club ça me tente bien !! Merci !!!