Quand on pense à New York et qu’on écoute Alicia Keys, on imagine une jungle de béton, entourant un océan de verdure – Central Park. Mais, il faut savoir regarder au-delà des prairies et des 174 espèces différentes d’arbres http://centralparknature.com/ du premier grand parc public à avoir été aménagé aux Etats-Unis.
Il y a d’abord, bien-sûr, le Central Park de Brooklyn, Prospect Park. C’est une immense étendue de verdure de 2,1 kilomètres carrés ouverte au public depuis 1967. Beaucoup moins huppé que son grand frère de Manhattan, Prospect Park accueille les familles pour des pique-niques dominicaux au barbecue, les couples d’amoureux venus chercher de l’intimité à l’ombre du Carrousel ou les groupes d’amis improvisant un tournoi de frisbee sur Long Meadow.
A Brooklyn encore, il y a l’inattendu Jardin botanique dont je ne peux qu’encourager la visite, notamment celle d’un petit recoin d’herbes aromatiques – the Alice Recknagel Ireys Fragrance Garden – où nos narines émerveillées découvrent la plante du cumin et la menthe citronnée, pamplemoussée, chocolatée et où nos doigts parcourent tour à tour des feuilles douces comme de la soie ou des feuilles dont les petites pointes chatouillent la peau.
A Manhattan, pour le moment – car je n’ai pas encore tout découvert –, deux parcs ont mes faveurs.
A New-York, au-delà des choux plantés autour des arbres, il y a tout d’abord, Tudor City Park que ma grande sœur m’avait fait découvrir il y a quelques années lors d’un de nos pèlerinages annuels à New-York. A quelques encablures de l’ONU, sur la 40ème rue, dans la visée de l’Empire State Building, se love un petit parc à l’ombre de maisons de style Tudor. Ce square est un havre calme et reposant si loin du tumulte incessant de la ville. Prenez un livre, choisissez un banc dans un des recoins du square et vous verrez le temps s’arrête.
Ensuite, sur le chemin de Tompkins Square, je suis tombée amoureuse du jardin communautaire 9th Street Community Garden Park.
J’ai une passion particulière pour les jardins communautaires, à Paris, à Detroit ou à New-York. J’aime l’idée de communion avec la nature au milieu d’un paysage de béton a priori hostile, j’aime aussi l’idée de rassemblement d’êtres humains d’horizons différents autour d’un idéal de vie guidé par le respect et l’entraide.
J’aime aussi beaucoup l’idée que ces jardins partagés plongent leurs racines dans une Histoire de rébellion contre l’ordre établi et l’élite gouvernante et qu’ils aient prospéré en temps de crise car cela démontre la formidable capacité de l’Homme à rebondir, créer pour survivre et faire fleurir le beau quand tout est moche autour.
Ce 9th Street Community Garden Park a été créé par Nin Garcia, un habitant du quartier, en 1979. Il s’est créé à cet endroit car dans les années 70, le Lower East Side était un quartier à l’abandon avec des maisons écroulées ou incendiées. Lorsque les propriétaires de ces maisons étaient incapables d’en prendre soin, la mairie de New-York préemptait les lots pour y en faire des déchetteries. Le voisinage a fini par s’emparer du lot, par le nettoyer et par y planter des fleurs et des légumes. Le Parc est toujours la propriété de la ville mais son entretien est dévolu aux habitants du quartier.
Il est composé de plusieurs petits jardins à l’identité bien définie selon celle ou celui qui l’entretient. Nous croisons beaucoup de saules qui ont réussi à s’épanouir ici grâce aux nappes d’eau souterraine de ce terrain qui était auparavant un marécage. Les volontaires, une petite vingtaine, qui s’activent dans le jardin semblent récupérer ce que d’autres new-yorkais ne veulent plus et cela donne un côté bric-à-brac très amusant. Ils se fournissent en matériel de jardinage et en engrais auprès de Greenthumb – http://www.greenthumbnyc.org/about.html – une émanation des Parcs de New-York.
Il y a une sorte de petite buvette au fond où des chanteurs se succèdent sur des airs de mambo cubain.
Il y a aussi bien-sûr le Tryon Fort Park qui entoure les Cloîtres dans le nord de Harlem et qui recouvre ainsi de bruyère les hauteurs de Manhattan et le petit jardin entourant l’Eglise si justement nommée Saint-Luc des Champs, dans le West Village.
Toujours dans New-York mais cette fois-ci dans l’Etat et non plus dans la ville, il y a la merveilleuse campagne des Catskills. Après Montauk, c’est la destination préférée des New-Yorkais en mal de nature ou à la recherche d’une maison secondaire. La Route 28 qui mène aux Catskills est très pittoresque avec des sommets de montagnes aux couleurs magnifiques.
Mais je conseille de prendre la Route 9 qui permet de s’arrêter au stupéfiant Storm King Art Center. Il s’agit d’un immense musée de plein air où une centaine de sculptures monumentales se partage l’espace de 2 hectares. On peut y admirer des œuvres d’Alexander Calder ou de Roy Lichtenstein.
Ne pas manquer aussi un petit détour par Sleepy Hollow et la visite de l’Église de l’Union. Il s’agit d’une modeste église ornée d’un vitrail de Matisse (c’est sa dernière œuvre, en hommage à Abby Rockefeller – les Rockefeller ayant été de grands mécènes) et de neuf vitraux exécutés par Chagall reprenant de manière stylisée des scènes bibliques. Impossible de prendre des photos mais on oublie assez vite l’impératif d’immortaliser numériquement le moment tant le vieux monsieur en tweed qui s’improvise guide rend vivant et passionnant ce tout petit espace.
Une visite sympa du coin pourrait consister à emprunter tous les ponts possibles. En voici 3 :
– Le pont du chevalier sans tête – un peu flippant mais le pont décrit par Irving dans son récit était semble-t-il situé un peu plus loin
– Le pont de la montagne de l’ours sur la route 6 – très impressionnant
– Le pont de chemin de fer de la Wallkill River
Enfin, je me suis prise d’amour pour Harriman Park. C’est un parc de l’État de New York magnifique en toute saison. Il offre des balades plus ou moins sportives et on peut passer la journée à grimper sur ses hauteurs et à admirer la vue. Je conseille bien évidemment les balades d’une journée avec pique-nique sur les rocs majestueux aux pieds desquels s’étendent de moussus paysages.
Et puis parce qu’il n’est pas nécessaire de faire des kilomètres pour être dans la nature, je cultive sur les rebords de mes fenêtres du basilic, de l’aloé vera, du romarin, de la menthe, de la sauge et de la coriandre. Et je prends chaque fois le temps de chérir ces petites pousses vertes bien vaillantes qui tentent, entre deux plaques de béton, de donner de l’oxygène à la ville.
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