Nous y sommes enfin! Cela marque la fin de notre épopée à travers le Wild Wild West mais il y a encore tant à découvrir sur la rive sud de ce célèbre canyon.

Nous arrivons dans la nuit au camping. Le lendemain, réveil aux aurores pour prendre connaissance de l’environnement prodigieux qui nous entoure. Nous décidons de suivre le Rim Trail – un sentier de randonnée qui suit rigoureusement le bord du canyon. C’est une randonnée de 22 kilomètres. Nous la rejoignons en cours au niveau de Yavapai Point, après avoir parcouru un chemin forestier et cheminons ainsi jusqu’au départ de la randonnée de South Kaibab. L’amphithéâtre – semblable à tous ceux que nous avons croisé dans les parcs nationaux – destiné à des conférences données par les rangers est désespérément vide pour cause de pandémie.

Nous croisons un ranger – visiblement profondément amoureux du Parc – qui nous offre plusieurs dépliants et explications sur la faune et la flore du canyon. La vue depuis le sentier de randonnée est extraordinaire et  malgré un trafic piéton beaucoup plus accru qu’au nord (on nous avait prévenus sur la rive nord), la découverte de la zone est magique. Le soleil est puissant mais une tendre brise rafraichit l’air. L’exploration géologique des différentes couches de sédiments a mis à jour des fossiles d’animaux et d’insectes vieux de 630 millions d’années comme les trilobites.

Le chemin, majoritairement pavé, est balisé par des poinçons en métal dans le sol reprenant les grandes étapes de l’histoire du canyon. C’est plutôt bien fait et constitue une formidable source d’informations.

Nous marchons sur un sol vieux de 270 millions d’années, la Kaibab Formation, composée de roches marines calcaires et de siltite. On la retrouve à Zion et dans tout le territoire de la Californie au nord de l’Arizona et au sud de l’Utah. Mais c’est très jeune comparé à l’âge vénérable des roches du sous-sol de Vishnu tout en bas du canyon et qui afficheraient au compteur quelques 1840 millions d’années.

Comme les Rocheuses, le plateau Colorado où se situe le Grand Canyon s’est soulevé et contracté il y a 60 millions d’années sous l’effet des mouvements de plaques tectoniques et il y a seulement 6 millions d’années que le fleuve Colorado a commencé son patient travail d’érosion pour forger le Grand Canyon.

Les premiers habitants du Canyon ont commencé à cultiver les rives du fleuve au fond de la gorge il y a environ 1000 ans et aujourd’hui encore 11 tribus continuent de vivre là ou utilisent les ressources du canyon pour commercer ou animer leurs cérémonies religieuses. On compte parmi elles, notamment, les Hopi, les Navajo, les différents groupes Paiute et les Havasupai.

En effet, la végétation que nous rencontrons est riche. Pour mon plus grand bonheur, je retrouve les Apache Plume et les Gooseberries. Mais il y a également des Pins pignon et des genévriers, des yuccas et des chardons.

Nous décidons de pousser ensuite jusqu’au Ooh Aah Point. C’est un petit sentier étroit qui descend dans le canyon et qui, à la faveur d’une ouverture sur l’horizon, permet d’embrasser du regard l’immensité incroyable s’étendant devant nous. C’est donc une fois arrivés au Ooh Aah Point que nous saisissons complètement la raison de son nom.

Le soleil se couche et nous rentrons au camping fourbus (17 kilomètres dans les pattes) mais comblés.

Le second jour, nous décidons d’aller jusqu’à Navajo Point et de nous arrêter à tous les belvédères.

En 1898, Pete Berry – un mineur devenu hôtelier – accueillait les premiers touristes dans son hôtel de Grand View et s’improvisait guide. Les mines s’avérant vite peu profitables, certains entrepreneurs; comme Berry; se tournèrent vers le tourisme, flairant la bonne affaire. Jusqu’en 1901, Grand View était la destination au sein du Grand Canyon et l’hôtel de Pete Berry (s’étant modernisé au fil des ans) était très couru. Mais lorsqu’en 1902 la ligne de chemin de fer Santa Fe desservit The Grand Canyon Village, 18 kilomètres plus à l’ouest, Grand View fut délaissé et il ne reste plus rien aujourd’hui de l’hôtel de Pete Berry.

Le coucher de soleil est aussi beau que la veille.

Le troisième jour, nous empruntons le Bright Angel Trail et nous croisons un cerf aux bois majestueux.

Pour s’y rendre, nous traversons le village au sein du Canyon, terminus de trains qui emmènent les visiteurs depuis la ville de Williams au cœur de la rive sud. C’est assez troublant de voir un train opérer au sein d’une telle nature.

La randonnée, un peu fréquentée, est très belle et permet d’explorer un autre endroit du canyon. Nous effectuons une marche de 4,8 kilomètres avec 340 mètres de dénivelé. Au-delà, nous fatiguons.

Nous décidons de nous rendre à nouveau à Lipan Point pour assister au coucher du soleil, suivant ainsi les conseils du ranger rencontre le 1er jour.

Notre road trip s’achève en apothéose !