Cela faisait un moment que je lorgnais sur cette brique de plus de 600 pages et je me disais qu’une saison propice à sa lecture serait l’hiver quand les possibilités d’activités extérieures se réduisent. Ajoutez à cela une pandémie et l’hiver 2020-2021 m’a permis de dévorer cette oeuvre monumentale d’Isabel Wilkerson. Un mot sur l’auteure pour dire qu’il s’agit d’une journaliste reconnue, lauréate du prestigieux Prix Pulitzer pour sa couverture des dramatiques innondations de 1993 dans le Midwest.

The Warmth of Other Suns – qui emprunte l’expression à Richard Wright – traite d’un sujet tout autre dont l’impact sur l’Amérique du Nord moderne est considérable: La Grande Migration. Cette migration concerne les populations afro-américaines fuyant entre 1915 et 1970 les conditions de vie atroces des Etats du Sud soumis aux lois racistes Jim Crow. Le récit qu’en fait Isabel Wilkerson est épique et haletant, mêlant la grande Histoire aux petites histoires, à travers la vie contée de 3 personnages ayant existé. On suit George Starling échappant à un lynchage certain en fuyant vers le Nord, on assiste à travers lui à la transformation de Harlem où il a élu domicile, on l’accompagne dans ses trajets en train vers le Sud en tant qu’employé des Chemins de Fer. On souffre avec Robert Foster lorsque sur la route vers la Californie, alors que la nuit se fait de plus en plus épaisse, pas un seul motel ne lui offre de chambre, en raison de sa couleur de peau. On se réjouit à ses côtés de sa rencontre avec Ray Charles qui lui consacrera une chanson et dont il deviendra le chirurgien personnel. Enfin, on accompagne Ida Mae des champs de coton du Mississippi vers les rues grouillantes, intimidantes et dangereuses du Chicago des années 70. The Warmth of Other Suns permet de comprendre l’Histoire mais aussi et surtout d’appréhender le présent et de décrypter les tensions aujourd’hui à l’oeuvre dans la société américaine.

Un ouvrage indispensable!

our préparer notre road trip de l’hiver vers 3 Etats du Sud, j’ai cherché de nouveau du côté de la littérature.

La citation de USA Today en exergue sur la couverture de l’ouvrage résume bien l’histoire racontée par Sue Monk Kidd mais omet un élément pour moi fascinant. L’histoire décrit donc la relation tourmentée et nécessairement déséquilibrée entre une jeune fille née au 19ème siècle dans une famille d’esclavagistes de Charleston en Caroline du Sud et une jeune esclave de cette famille. Ce qui me paraît particulièrement captivant est que Sue Monk Kidd s’est inspirée d’une histoire vraie, celle de l’abolitionniste et suffragette Sarah Grimké dont les actions dans le Nord lui vaudront d’etre bannie de Charleston et de Hetty “Handful” Grimké (les esclaves devaient prendre le patronyme de leur bourreau). Certes, le récit croisé des événements à travers les voix de Sarah et Hetty est romancé mais le lecteur suit, haletant, les développements des émeutes d’esclaves, les évolutions des mouvements abolitionnistes du Nord et le durcissement progressif et impitoyable des lois esclavagistes dans le Sud à mesure que ce système touche à sa fin. Ce livre est aussi une fable sur la résilience de femmes face à une Histoire implacable.

 

 En préparant notre roadtrip de l’hiver, j’ai consulté distraitement le blog de Mathilde, un blog très réussi de récits de voyage aux Etats-Unis. Elle conseillait ce livre donc là encore, dans l’optique de me plonger dans l’ambiance des villes que nous allions visiter, j’ai acquis cet ouvrage.

Un de nos guides pendant ce voyage nous a dit: “John Berendt a mis Savannah sur la carte”.

L’ouvrage se compose de deux parties plutôt différentes tant dans la rapidité de l’écriture que dans les thèmes abordés. La première est une longue mise en place du décor, un peu comme une didascalie de plusieurs centaines de pages. Les différents personnages qui font toute la saveur de Savannah au début du XXème siècle sont croqués avec gourmandise et leurs excentricités et travers sont décrits avec une délectation manifeste par Berendt. On se prend de tendresse pour Lady Chablis, personnage libre et haut en couleurs, ou pour Minerva, femme inquiétante, secrète et indépendante. Cette galerie de personnages forme finalement un choeur grec qui annonce dans la première partie du texte le coup de tonnerre de la seconde partie.

Après cette longue introduction, nous sommes jetés au coeur d’une scène de crime et d’un imbroglio judiciaire palpitant. Le personnage central, Jim Williams, charismatique et énigmatique est franchement attachant.

Le livre a été adapté au cinéma par Clint Eastwood en 1997.