C’est notre troisième jour dans les Smokies. Nous paressons un peu dans notre camping-car avant une baignade glacée dans l’eau de la rivière qui longe le camping.

Aujourd’hui, ce sera une journée pratique. Après une balade entre les différents belvédères qui ponctuent la route du Parc, nous nous dirigeons vers Pigeon Forge pour un ravitaillement et une lessive. 

Je me suis pris d’une passion pour la photographie et l’observation d’oiseaux. Les Smokies sont un sacré réservoir. Certains se font plus discrets que d’autres et nous ne percevons que leur chant qui rythme nos pas dans la mousse des sous-bois. Parfois, les craquements des brindilles sous nos semelles sont dérangés par un bruissement d’ailes mais nous ne levons les yeux que trop tard pour apercevoir autre chose qu’une ombre furtive.

L’arrivée à Pigeon Forge est un dur rappel à la réalité, loin des flots des cascades et des pépiements des oiseaux. C’est un bourg qui s’est construit exclusivement autour du tourisme et les couleurs criardes et les enseignes aux néons clignotants fatiguent rapidement l’œil.

Pendant que Baby Boy, Demi-Portion et Numéro Bis font le plein d’essence, je me rends à la laverie du coin. Plusieurs enfilades d’énormes lave-linges accueillent le campeur, de vilains sièges en plastique bleu sont cloués sur des barres en fer et l’odeur de propre emplit les lieux.

Je jette mon dévolu sur un lave-linge disponible que rien ne distingue des autres à part peut-être l’absence de lessive séchée collée sur sa façade. Je trie consciencieusement mon linge dans un des paniers dont les filets en fer laissent voir un peu de rouille. Je fais glisser mes pièces de 25 cents dans la fente de l’appareil comme dans une machine à sous. Elles tombent avec un bruit métallique. Je me dis, l’espace d’un instant, que Pigeon Forge avec ses décors de pacotille et ses façades clinquantes a tout l’air d’un Las Vegas au rabais.

Je m’assois en regardant le tambour de la machine tourner et malmener notre linge. En face de moi, sur le côté, deux hommes alcoolisés revivent une scène de la veille et peinent à tomber d’accord sur l’interprétation qu’il faut en faire.

Une femme lance plusieurs lessives. Un homme, plus loin, écoute une telenovelas sur son téléphone et concurrence la télévision perchée au mur.

Le bruit régulier et mat de l’horloge sur le mur à gauche semble incongru dans cet endroit où le temps semble s’écouler différemment. Je décide de rejoindre le reste de mon équipée dans le camping-car. Je reviendrai dans une demi-heure récupérer le linge, le plier plus ou moins consciencieusement et l’emporter dans le camion pour le ranger dans les placards disséminés dans notre maison sur roues.

Nous passons ensuite nous ravitailler en nourriture et en essence, juste à côté d’un rutilant diner.

Nous quittons bien vite cette concrete jungle pour la jungle authentique des Smokies.