Nous débutons notre 5ème journée par une bien belle scène. Un embouteillage, près d’Obsidian Cliff cette fois-ci, nous oblige à faire une pause.
Une horde de bisons cavale sur la route. On croise des adultes avec leurs petits. On imagine aisément une rentrée des classes avec les quelques parents retardataires qui pressent leurs enfants pour arriver à l’heure. C’est aussi la première fois que nous apercevons des jeunes bisons auprès de leur maman.
Ce jour, nous continuons d’explorer le nord du Parc en poussant encore plus à l’est avec comme principal objectif une randonnée dans Slough Creek.C’est une randonnée de 7,9 kilomètres qui nous permet d’emprunter dans un premier temps une ancienne route utilisée par les carrioles des colons. Nous ne pouvons que l’imaginer à travers les coteaux fleuris, les énormes rochers datant de la dernière ère glaciaire et les sapins et trembles poussant à l’ombre de ces imposants blocs. Le seul signe de cette route de colons est la barrière gardant l’entrée d’un ranch. D’ailleurs, nous ne tardons pas à croiser d’authentiques cowboys à cheval.
Lors de la première ascension, nous sommes escortés par nos habituels compagnons, les sticky geraniums, les balsamorhizes et les lupines. Mais quelle fut notre surprise lorsque nous croisons une petite marmotte qui se dore la fourrure au soleil sur un de ces énormes rochers vieux de plusieurs millions d’années. La flore est abondante et radieuse sous les rayons ardents du soleil. Nous découvrons de curieuses boules de coton sur tige – des American Bistort. Ce sont des fleurs tellement délicates et fragiles.
Nos pas nous conduisent alors dans un paysage idyllique dénué de toute autre présence humaine. Nous traversons une première prairie qui suit les méandres de la Slough Creek dont certains adjuvants créent de petits marécages (d’où le nom) où de frénétiques moustiques s’égayent joyeusement. L’horizon est souligné par les cimes enneigées des Rocheuses. Au loin, paissent des bisons.
Nous dépassons des cabines de rangers inhabitées. Nous nous asseyons sur un tronc d’arbre à l’ombre de trembles pour déjeuner. La lumière est magnifique et intensifie les différentes nuances de vert. Le vent qui chante à travers les feuilles des trembles est la bande-son de notre chemin, accompagné parfois par les sifflements cristallins d’oiseaux.
Nous arrivons ensuite dans une seconde prairie traversée par la Slough Creek. Nous la dépassons. Nous pourrions pousser encore plus loin mais la chaleur se fait implacable.
Nous reprenons notre route afin d’accéder aux Lost Creek Falls. Elles se trouvent derrière les Chalets Roosevelt (hébergement premium du Parc). Nous trouvons porte close et craignons un instant ne pas pouvoir y accéder. Mais un ours brun en quête de gourmandises nous apprend que nous pouvons aisément sauter la barrière. Ce que nous faisons après nous être assurés que le mammifère glouton s’est éloigné vers d’autres pâturages. D’ailleurs, une ranger nous crie depuis sa voiture garée à l’intersection proche, « attention, il y a un ours dans les parages ». Nous la remercions de sa mise en garde et continuons notre chemin au milieu des chalets désertés.
Nous grimpons au bord d’un mini-canyon escarpé forgé par les eaux bondissantes de la cascade. Des sapins majestueux allongent leur tronc à l’ombre des rochers millénaires.
En reprenant la voiture, nous remarquons des empreintes d’ours dans la terre. Au loin, des bisons profitent des rayons du soleil déclinant.
Nous traversons la Lamar River qui s’écoule paisiblement et nous nous rendons sur le site de Petrified Tree, encore une surprenante prouesse de la nature. L’arbre – mais peut-on encore parler d’arbre – a 50 millions d’années. L’arbre est devenu un fossile pouvant ainsi défier les usures du temps. Toute sa matière organique a été remplacée par des minéraux.
Ce sequoia ainsi pétrifié témoigne d’une époque beaucoup plus chaude, beaucoup plus humide et beaucoup plus agitée à Yellowstone. Il serait le résultat de l’éruption d’une chaine de volcans, de monstrueux glissements de terrain et de formidables coulées de cendre, d’eau et de sable qui auraient enfoui des forêts entières. Avant que les arbres s’effondrent ou pourrissent, d’importantes quantités de silice, venues des volcans, se sont glissées dans les cellules organiques des arbres, créant ainsi des colonnes de pierre.
En contrebas, une antilope d’Amérique cherche certainement pitance à côté du Floating Island Lake.
Sur la route du retour, entre chien et loup, deux femelles élan partagent un repas dans les prairies de l’est du Parc. Lassées de leur coin d’herbe, avec superbe, elles traversent finalement la route étendant leurs longues jambes élégantes.
Oh la la comme c’est beau!!! J’adore cet article! Tous ces arbres, ces fleurs, ces animaux! Des bisons, des ours, des élans, des antilopes… Vous devez être émerveillés. Et la marmotte! Bonne route!