Peu à peu, les Etats ouvrent leur économie en procédant par étape. Les Etats de NY, du New Jersey et du Michigan restent très prudents.
Après avoir repoussé d’un mois notre projet de road-trip à travers les Grands Parcs de l’Ouest américain, nous décidons de partir continuer notre confinement dans un camping-car:
Je suis un peu anxieuse car je n’arrive pas à imaginer que nous puissions prendre un avion en pleine pandémie et confinement. Mais la compagnie aérienne nous a envoyé un e-mail la veille de notre départ nous proposant de partir plus tard nous indiquant que notre vol était plein et qu’ils ne pourraient donc pas garantir les distances de sécurité. On s’accorde avec Baby Boy pour conserver notre vol et porter à tout moment notre masque, d’ailleurs obligatoire dans tous les lieux recevant du public au New Jersey.
Je peaufine notre playlist en suivant scrupuleusement les conseils avisés de ma sœur et en tentant de me projeter déjà dans l’ambiance du roadtrip. Il y a bien évidemment du Bruce Springsteen (Born in the USA, Born to Run), de la Motown (Ain’t no mountain high enough) et du Bob Dylan (like a rolling stone) mais aussi du Bryan Adams, si, si avec Summer of ’69 ou des Eagles – Hotel California, du Busta Rhymes ou encore la BO de Thelma et Louise.
Nous nous réveillons à l’aube. L’aéroport a des allures d’inachevé ou de fin du monde. Nous avons l’impression qu’une civilisation vient de s’éteindre brusquement et que nous sommes les premiers témoins post-catastrophe. Les chaises des restaurants fermés semblent avoir été rangées à la hâte, il reste encore des couverts et des verres sur des chariots. On ne croise que des paires d’yeux qui nous évitent. Nous embarquons enfin et en effet l’avion est plein. Tout le monde porte un masque et aucun service de restauration n’est assuré à bord en raison du Covid-19. A côté de moi, un homme regarde le documentaire – sous-titré en hébreu – sur la vie de Michael Jordan. Devant lui, un autre homme visionne le film qui retrace l’enfance d’un jeune allemand dont l’ami imaginaire est Hitler.
Demi-Portion, toujours aussi excitée à l’idée de prendre l’avion, salue joyeusement nos voisins. Ils répondent mollement et nous essayons de la ramener à son siège. Elle s’était invitée plus tôt dans le cockpit.
Nous avons une connexion à Denver pour rejoindre l’Arizona. Changement d’Etat et changement d’ambiance. Tous les restaurants de l’aéroport sont ouverts, seules 6 personnes sur 10 portent un masque et peu respectent les distances de sécurité. Le coucou qui nous emmène à Flagstaff est vide.
Arrivés à Flagstaff – Arizona, nous remarquons que personne ne porte de masque. Quelqu’un dira plus tard à Baby Boy que la densité étant faible, le nombre de cas de contamination peu élevé (pres de 17,000 cas et 807 morts en Arizona), le port du masque ne sert à rien. Nous avons prévu de passer la première nuit dans un hôtel avant de récupérer le lendemain notre camping car. A cause du Covid-19, l’hôtel ne propose aucune option de restauration. On se rabat sur les barres de céréales au fond de nos sacs à dos. Mais poussés par la faim, nous nous aventurons au resto-route à côté. La nourriture y est, hélas, insipide. Des tables sont condamnées pour permettre de respecter les distances de sécurité entre les clients et les personnes qui prennent les commandes sont masquées et gantées. Deux grands écrans diffusent les informations et des émissions de rénovation de maisons. Peu de clients du resto-route portent un masque.
Nous profitons de la piscine où nous ne croisons pas réellement de clients de l’hôtel. Nous tentons une balade dans le domaine immense de l’hôtel mais Demi-Portion, sous le coup du décalage horaire, tombe de fatigue au bout d’une heure.
Lorsque Baby Boy recupère le camping-car, il est très sale. Son état est très loin de celui vanté par les vidéos promotionnelles de Cruise America qui se targue de nettoyer et de désinfecter ses véhicules en allant même au-delà des consignes du CDC. Force est de constater qu’à Flagstaff ils n’ont pas eu le mémo. Baby Boy s’arme donc d’un spray et de quelques feuilles de Sopalin, généreusement prêtés par James, le jeune homme un peu redneck sur les bords, qui tient la succursale de Flagstaff. Lorsque Baby Boy tente une réflexion, ce dernier lui répond: “hey man, this is Arizona! there is dust!”
Nous voilà prêts à remplir le frigidaire et les placards du camping-car pour deux mois. Le premier hypermarché me déprime par son immensité, ses articles moches et l’absence de fruits et légumes frais. On réussit tout de même à trouver quelques trucs pour l’entretien du véhicule, juste à côté du rayon chasse & pêche où de vrais fusils côtoient de faux oiseaux servant de cibles.
Je finis par dénicher quelques légumes et fruits frais dans un supermarché et nous prenons la route de Kaibab Forest. Nous arrivons de nuit au camping Ten-X. Le fond de la plaque d’immatriculaion de l’Arizona n’est pas un cliché. Nous devinons les silhouettes sombres des montagnes ourlées d’orange, de jaune et enfin de bleu nuit. Les routes s’allongent. Des lumières d’une station-service flanquée d’un motel balisent l’obscurité.
Une chose est sûre : le véritable roadtrip peut commencer !
Bon voyage et profitez bien de cette expérience !!! Vous avez raison de partir, vous serez tranquilles dans les parcs.
Vivant j’adore !!!
C’est le début de l’aventure! Bon voyage à vous!