Je suis persuadée que lorsque vous entendez parler de La Barbade, vous pensez plages de sable blanc, mer turquoise et Rihanna. Moi aussi ! Donc c’est sur ce programme que Baby boy et moi optons pour une semaine de vacances dans cette île des Caraïbes. Baby boy n’est pas particulièrement familier des talents musicaux de la vedette barbadienne mais me fait confiance ! Il m’avouera plus tard ne pas savoir à quoi la star ressemble !
Afin de préparer le voyage et parce que 7 jours de plage avec du sable dans le maillot et les membres rougis par le soleil ne nous tentent finalement que partiellement, je me rends au Barnes&Noble de la 5ème Avenue. Là, je compulse fiévreusement les guides des Caraïbes et je me rends très vite compte que La Barbade a beaucoup plus à offrir que les plages, le soleil et les flots bleus. En même temps, je m’en doutais un peu !
J’organise un petit programme et surtout je note bien proprement l’ensemble des lieux à ne pas rater. C’est extrêmement impatients, excités et curieux que nous descendons de l’avion sous un soleil implacable à l’aéroport international Grantley Adams. Notre enthousiasme s’effiloche peu à peu face à l’heure et demi d’attente pour passer les contrôles d’immigration. Ce passage n’est pourtant qu’une formalité mais le flot de voyageurs est continu. Nous ne regrettons alors pas d’avoir opté pour la location d’un petit cottage loin des hôtels de luxe vantés par le papier glacé des pages du magazine Voyage de l’avion.
Nous retrouvons enfin notre loueur de voitures en nous excusant mille fois pour l’attente. Cette société de location de voitures, recommandée par le propriétaire du cottage, est une très bonne trouvaille. Le service est parfait, attentionné, peu cher et fiable.
C’est dans notre petite voiture vert fluo que nous allons parcourir les 430 km de l’ile.
Le cottage loué se trouve dans le quartier d’Enterprise à Oistins. Oistins nous a paru le meilleur camp de base, à cheval entre la mer des Caraïbes et l’Océan Atlantique. La ville est plus vivante que Bridgetown qui est la capitale et l’île est si petite qu’il est tout à fait envisageable d’aller du nord au sud aller-retour dans la même journée.
Nous avons bien trouvé les paysages idylliques présents dans tous les imaginaires dès qu’on prononce le mot « Caraïbes ». Du côté Atlantique, les vagues sont hautes et puissantes et permettent aux plus aguerris de s’en donner à cœur joie. Nous y avons profité d’excellents moments à bouquiner sur la plage ou à passer dans le rouleau compresseur des ondes en furie. Les plages d’Enterprise Drive et de Bottom Bay sont idéales.
Du côté Caraïbes, la mer transparente offre le spectacle magique des ballets mystérieux de poissons tous plus beaux les uns que les autres. Il y a un spot de snorkeling juste en face des bâtiments décrépis du Premier Ministre à Bridgetown. Nous avons passé 2h30 à nager avec les bancs de poissons au-dessus de l’épave d’un navire échoué et à accompagner les tortues dans leur quête de nourriture. Ce sont des moments de silence irréel où le temps paraît s’être arrêté et où le monde extérieur a disparu. Attention toutefois au dur rappel à la réalité avec les coups de soleil, j’ai bien rôti côté verso !
Après avoir consacré du temps aux fameuses plages de sable blanc et aux ondes turquoise susmentionnées, nous avons décidé d’explorer l’Île.
Bridgetown fut notre première destination. Le dimanche, la capitale est endormie, il n’y a pas un seul commerce ouvert, même Burger King ne fait pas exception (ce qui n’est peut-être pas un mal…), nous n’avons pas croisé grand monde et les voitures semblent avoir déserté les routes cahoteuses. Les bâtiments du Parlement sont très beaux et semblent être une petite réplique timide des grands-frères britanniques. La Place des Héros Nationaux devant est mignonne et ombragée mais les deux lieux qui nous ont le plus plu sont le Parc de la Reine, en hommage à la Reine Victoria, qui sous le soleil dominical avait un petit air décadent et l’église St-Michaël. Cette dernière est très belle, l’intérieur est propice au recueillement sous l’ombre tutélaire d’un imposant orgue. Le cimetière attenant oscille entre abandon – des pierres tombales brisées et grignotées par la nature – et tentatives de rénovation – des échafaudages qui tiennent encore debout par l’opération du St-Esprit.
Je découvre que Grantley Adams est enterré ici avec sa gracieuse femme. Il fut le 1er Premier Ministre de la Barbade et ses tentatives d’amener la Barbade vers plus d’égalité et de démocratie se sont heurtées à son allégeance jamais démentie à la couronne d’Angleterre.
Speighstown, au nord, est très charmante et plus décontractée que Bridgetown. Déambuler dans les rues aux façades vivement colorées est un plaisir simple et suffisant. Nous avons décidé d’accompagner le soleil vers sa couche en sirotant un soda et une bière locaux au Fisherman’s pub (très lointain cousin du pub britannique, le seul point commun que je vois est la vente d’alcool) avec les vagues qui se brisaient sur les rochers à nos pieds.
« Caraïbes » rime aussi avec nature luxuriante et la Barbade est un vrai paradis de ce point de vue-là. La Forêt des Fleurs est une parenthèse enchantée d’une heure de pérégrinations à travers une flore généreuse et merveilleuse. La Réserve de Vie Sauvage, dans la commune de St-Peter, ajoute à la flore une faune diverse et fascinante comme les singes verts, les tortues, les mazamas (ou biches rouges), les caïmans et les oiseaux.
Ce que l’on sait moins avec les Caraïbes, c’est que cela peut rimer avec Écosse. C’est le nom donné à la commune de St-Andrew tant les falaises écorchées, les vaches paissant l’herbe grasse et les moulins font penser à la région des amateurs de whisky du nord du Royaume-Uni.
Ici pourtant point de whisky mais du rhum absolument divin. Le rhum de la Barbade – Mount Gay – fut le premier à être fabriqué dans le monde en 1703. Il est issu de la fermentation de la mélasse extraite de la canne à sucre. Comme souvent, les plus grandes réussites viennent d’abord d’erreur ou d’expérimentations.
Le rhum Mount Gay est toujours élaboré et fabriqué à la Barbade dans des chais et des usines au nord de l’Île et à Bridgetown. La visite de la distillerie est incontournable. Nous avons dû nous y prendre à deux fois car la dernière visite est à 14h30. Nous y étions le lendemain dès 9h pour pénétrer dans l’univers attrayant des rhums blancs, ambrés, vieux voire très vieux aux saveurs de citrons, de vanille ou de moka. Le guide était particulièrement accueillant et désireux de partager tout son savoir et y compris quelques bonnes bouteilles ! Nous en sommes ressortis avec une sensation très agréable à laquelle la dégustation de plusieurs rhums dès 9h du matin n’est peut-être pas étrangère.
Pour éponger notre estomac, le gardien de la distillerie nous a conseillé d’aller déjeuner au restaurant de bord de mer Weiser’s. Nous voilà, Baby Boy et moi, les pieds dans le sable, le regard dans le bleu de l’horizon, les papilles s’activant sur du fruit à pain délicieux et du poisson parfaitement cuisiné et assaisonné.
La Barbade c’est bien évidemment surtout les Barbadiens. On entend souvent « j’aime Paris mais sans les Parisiens » avec des déclinaisons à l’infini pour toutes les villes du monde suivant l’exemple de Sartre selon lequel « l’enfer c’est les autres ». A la Barbade, le paradis c’est aussi les autres.
Les gens que nous avons rencontrés furtivement ou avec qui nous avons échangé plus longuement se sont tous révélés adorables, accueillants, dans un sincère désir de partage.
Je me souviens de la tenancière de Fred’s Bar, petite gargote à Oistins. C’est une vraie femme à poigne qui mène son petit commerce avec autorité, efficacité, sourire et chaleur. Le bord de mer d’Oistins exécute une danse endiablée tous les vendredis soirs sur fond de karaokés et de tambours improvisés sur les tables des paillotes.
Je me souviens du loueur de voiture qui nous voyant prendre la mauvaise route en sortant de l’aéroport a couru vers nous et nous a offert de nous accompagner à destination même si cela signifiait pour lui de devoir faire le trajet retour en bus.
Je me souviens du rasta accoudé à une petite baraque en bois au bord de Bottom Bay Beach, à siroter avec ses amis du Cognac Hennessy sous le soleil de midi. Il nous a conseillé dans nos commandes de déjeuner et a partagé avec nous son expérience au Canada et son retour à la Barbade.
Je me souviens du monsieur rencontré sur la plage d’Enterprise Drive un matin. Il accompagnait une vieille dame allemande qui ne parlait ni anglais ni bajan (le créole de la Barbade) mais qui avait été recueillie et soutenue par la famille du monsieur lorsqu’elle avait perdu son mari, décédé d’une crise cardiaque sur cette même plage. Je me souviens de nos discussions avec lui au lendemain des attentats de Paris où il nous soutenait que ce déferlement de violence et l’éclatement de l’Union européenne, qui sous l’effet de cette violence passerait alors de 28 à 10 pays, étaient prévus par la Bible.
Je me souviens des deux petites filles croisées à Chatty Mount Village, la grande de 5 ans voulant absolument nous présenter sa petite sœur, Tihanna, de 3 ans.
Je me souviens du propriétaire du Fisherman’s pub et de son acolyte peu avares en conseils conjugaux bienveillants avec l’attitude de ceux qui sont déjà passés par là.
Je me souviens du vendeur de noix de coco de la plage de Bottom Bay qui nous a permis de vivre un moment rihannesque en buvant l’eau de coco à même la noix.
Alors, certes « Rihanna a mis la Barbade sur une carte »* et les plages de sables blanc feront toujours rêver mais la Barbade est un pays qui a à offrir beaucoup plus de richesses.
* Propos du rasta de Bottom Bay Beach
Et parce qu’il n’y a pas que Rihanna dans la vie! https://youtu.be/qOBOdfo7cvA
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