Nous renouons avec les Grands Parcs Nationaux appréciés des touristes et malgré la pandémie, nous nous retrouvons à Bryce Canyon plus entourés que pendant le reste de notre roadtrip.

On m’avait promis des moments magiques dans ce parc et spoiler, je n’y ai pas ressenti d’émotions aussi fortes qu’a Yellowstone, Canyonlands ou Badlands.

Toutefois, nous avons vu à Bryce Canyon des choses extraordinaires. Nous avions prévu d’y passer cinq jours mais après la première journée, nous avons décidé d’écourter notre séjour.

Notre camping se trouve à la sortie du Parc. C’est le Ruby’s Inn. Il est plein à craquer et notre emplacement est coincé entre deux énormes caravanes. J’ai l’impression que plus nous avançons dans l’année et approchons de l’été, plus les touristes (nationaux) se font nombreux.

Je vois notre relative solitude et la quiétude de l’aventure s’envoler au rythme des éclats de voix des enfants qui courent dans les allées du camping et du souffle des barbecues qui s’animent dès que le soleil décline.

L’intérêt de ce camping, au-delà de son emplacement très proche du parc réside dans les services qu’il propose: une laverie, une piscine et une navette qui conduit les randonneurs au sein du Parc.

Le premier jour, nous nous levons tôt et attendons patiemment la navette à la sortie du camping. Je m’attendais à devoir faire la queue pour embarquer mais nous sommes les seuls voyageurs. Nos confrères de randonnée ont, semble-t-il, préféré prendre leur voiture individuelle.

Nous devons monter par la porte arrière du bus et on nous distribue des masques jetables.

Nous arrivons bientôt au Parc à la fin d’un monologue instructif du conducteur nous introduisant à l’histoire de Bryce Canyon.

Bryce Canyon est issu du même mouvement tectonique qui a créé les Rocheuses et fait partie de l’ensemble que l’on appelle Grand Staircase Escalante.

Il doit son nom à Ebenezer Bryce – colon mormon de l’Utah – qui s’étant installé à Tropic, petite bourgade, construisit une route vers l’amphithéâtre de roches pour acheminer du bois  de construction vers la ville. Les locaux baptisèrent vite cette route Bryce Canyon et le nom est resté et désigne à présent l’immense Parc national aux Hoodoos. Les Hoodoos sont ces immenses cheminées de roches qui s’étendent à perte de vue.

Ces cheminées sont bien évidemment encore les témoins de l’histoire terrestre puisqu’elles sont le résultat du lent travail d’érosion. Des pins, particulièrement résilients, fleurissent certains sommets.

Avant les Mormons et l’austère Ebenezer, les tribus Paiutes peuplaient la région. Pour eux, ces tours de roches sont les « legend people » transformes en pierre par Coyote en raison de leurs mauvaises actions. Ces histoires étaient racontées l’hiver, les autres saisons étant consacrées à la chasse, la cueillette et la conservation des aliments.

Nous décidons pour cette première journée de randonnée d’explorer le Queen’s garden trail (1,4 kilomètres) puis le Navajo loop trail (2,2 kilomètres). Ces deux sentiers sont très aises à parcourir et mènent à deux points névralgiques du parc : the Sunrise Point et the Sunset Point. Nous apprecions la balade même si nous ne nous y rendons ni au lever du soleil ni à son coucher. Ces deux sentiers permettent de découvrir de plus près ces merveilleux doigts de fée de roche et de descendre dans le canyon.

Nous quittons vite ces chemins fort fréquentés pour nous rendre au sud du parc vers Agua Canyon et Black Birch Canyon.

Nous croisons une merveille de la nature : Natural Bridge. C’est plus une arche qu’un pont. D’un point de vue technique, un pont dans la roche est creusé par des flots constants tandis que cette arche semble avoir été sculptée par d’autres forces naturelles, une poche d’humidité qui a trouvé une petite faille à creuser patiemment.

Natural Bridge

Nous poussons l’exploration jusqu’à Rainbow Point d’abord qui est un plateau à 2778 mètres d’altitude puis arrivons à Yovimpa Point à l’extrême sud du parc (nous passons par Piracy Point, Ponderosa Point et Bryce Point d’où on peut embrasser l’immensité de l’amphithéâtre de roche). La végétation est alors plus dense et nous croisons des pins aristés qui s’épanouissent sur ce sol aride et balaye par les vents depuis au moins 1,600 ans.

Bryce Point

Pour conclure notre première journée, nous passons par Swamp Canyon et admirons à nouveau l’horizon magnifique devant nous.

Nous avons tout fait à pied mais remarquons que la plupart de nos congénères suivent en voiture une grande route qui traverse le parc et qui permet d’accéder à la majorité des belvédères.

Nous passons la soirée à la piscine du camping.

Le lendemain, nous nous attaquons au sentier de randonnée Peek-a-Boo. J’imagine qu’il doit son nom aux nombreux zigzags du chemin et des arches qui le ponctuent. Quoiqu’il en soit, il s’agit de 8,8 kilomètres plutôt ardus mais qui valent le détour. Sous la chaleur accablante, nous parvenons à trouver quelques points d’ombre là où les roches se rapprochent.


Nous écourtons notre séjour à Bryce Canyon, ayant le sentiment – toujours un peu trompeur – d’avoir fait le tour de ce qu’il y avait à voir.

Le matin de notre départ, toutefois, nous découvrons Fairyland Canyon et Mossy Cave à la sortie de du Parc. Mossy Cave est une grotte humide recouverte de mousse (comme l’indique son nom) alimentée par un ruisseau du canyon. Des colons mormons ont travaillé la terre pour former une sorte de fossé d’irrigation.  De modestes cascades égayent la promenade.