La course pour le poste de gouverneur fait rage au New Jersey. En effet, le Gouverneur actuel, Phil Murphy, brigue un second mandat. Il est démocrate dans un Etat considéré comme Républicain mais qui finalement en 20 ans n’a connu qu’un Gouverneur républicain, le tristement célèbre Chris Christie.

Phil Murphy est le 56ème Gouverneur du New Jersey. La Constitution de l’Etat du New Jersey de 1776 établit le poste de Gouverneur. A l’époque, la personne élue, ne l’était que pour une année. C’est en 1844 que le Gouverneur obtient d’être élu pour 3 ans et en 1947 pour quatre ans.

Avant de prendre ses fonctions le 16 janvier 2018, Phil Murphy fut le patron financier de la Convention Nationale Démocrate puis ambassadeur en Allemagne. On estime que Murphy doit surtout sa première victoire aux problèmes de justice de son opposant républicain, Chris Christie, embourbé dans des affaires de corruption. Il a aussi été élu avec un programme progressiste et les promesses de légaliser la marie-jeanne, d’augmenter le salaire minimum à 15$, de réduire les écarts de salaire entre femmes et hommes et instaurer un congé maladie indemnisé.

Cependant, malgré le manque de charisme d’un Cuomo (ancien gouverneur de l’Etat de New-York) par exemple ou le physique de playboy de Newsom (gouverneur de Californie), Phil Murphy a plutôt respecté ses promesses et ses détracteurs lui reprochent surtout de ne pas avoir eu un agenda encore plus progressiste. Notamment, les écoles du New Jersey sont encore parmi les établissements scolaires les plus ségrégués aux Etats-Unis et le traitement des prisonniers du New Jersey est à dimension variable selon la couleur de peau. Par ailleurs, au niveau de l’environnement, son administration a été plutôt timide. Enfin, même si sa réponse à la pandémie a été plutôt efficace et cohérente, un scandale sur de nombreuses morts dans les foyers d’accueil des vétérans a un peu entaché son action.

J’ignore si c’est parce que j’ai été identifiée comme ayant des sympathies démocrates mais je suis dans la liste de distribution de la campagne de Murphy et je reçois des messages deux fois par jour. Le premier est souvent un texte, court, énumérant toute l’ambition de l’administration Murphy pour le New Jersey sur différents sujets. Le second, plus pressant, cherche à récolter des fonds. Etant donné que je ne suis ni américaine ni résidente permanente, je ne peux pas contribuer financièrement, si l’envie me prenait, car la loi interdit des financements de campagne politique par des donateurs étrangers pour éviter toute interférence.

Ainsi, le premier mail de jeudi était intitulé «  New Jersey est l’Etat le mieux gouverné aux USA ! » et énumérait les actions menées par l’administration Murphy pendant les 4 années précédentes avec sans surprise la gestion de la pandémie, le déploiement du vaccin, l’augmentation du salaire minimum mais aussi les taxes sur les revenus des millionnaires.

Le second mail intitulé « L’email le plus court dans votre boîte de réception » me rappelle que l’élection a lieu mardi 2 novembre et que pour convaincre les indécis, l’équipe de campagne a besoin de fond et on me demande donc de participer.

Un autre mail envoyé vendredi dont le titre se voulait particulièrement impérieux – « Ca ne peut pas attendre », tentait d’être un peu conciliant – « les vendredis après-midis ne sont pas le meilleur moment pour écrire ce type d’email, on conclut la semaine de travail et on se déconnecte pour le weekend » – tout en nous encourageant à financer une campagne de courts messages télévisés.

Deux heures plus tard, je reçois un autre message – « Prenez une grande respiration » – qui soulignait que la course était serrée, selon les derniers sondages mais qu’ « il ne fallait pas paniquer ».

Un gouverneur est élu pour 4 ans et Murphy, s’il était élu, serait le premier gouverneur démocrate à obtenir un second mandat en 40 ans. Son adversaire, Jack Ciatarelli, a balisé les routes du New Jersey de ses petits panneaux de campagne avec des slogans comme « Réparons le New Jersey ».

Son programme tient en une dizaine de points qui tourne autour de thèmes comme la baisse des taxes foncières, la baisse des taxes sur les commerces, une réduction des règles entourant le commerce sur le modèle du Delaware, la privatisation des projets d’infrastructure d’envergure, la sécurisation des frontières et la réforme de certains types de visas pour favoriser l’emploi des Américains, une plus grande facilité à acquérir des armes à feu, l’interdiction du vote par correspondance, l’interdiction de la publication des dossiers des officiers de police qui auraient été suspendus à la suite de violences et de plaintes (mais qui exercent toujours). Ce dernier point avait été soulevé notamment après le meurtre de George Floyd et certains Etats ont déjà adopté cette mesure.

Plusieurs grands noms du Parti Démocrate sont venus soutenir le Gouverneur Murphy pendant des rallyes de campagne. On a vu Barack Obama, Jill Biden ou même Bernie Sanders qui est intervenu le 28 octobre aux côtés de Murphy lors d’un rassemblement sur le campus de l’Université de Rutgers.

Les derniers sondages donnent le Gouverneur Murphy grand gagnant de la course avec, selon les instituts de sondage, un écart entre 9 et 11 points. Une victoire de Murphy sanctionnerait à la fois le bon bilan de son premier mandat et un rejet du Trumpisme au New Jersey (Ciatarelli a défendu la thèse trumpiste selon laquelle l’élection présidentielle de 2020 avait été entachée de fraudes et que le réel gagnant était Trump).

Comme dans toutes les élections américaines, on ne vote pas seulement pour un candidat à un poste mais pour d’autres sujets, comme le renouvellement du mandat d’un juge, d’un sénateur, etc. Au New-Jersey, les prédictions donnent également la victoire de deux sénateurs démocrates à des postes aujourd’hui occupés par des Républicains au sein du Sénat de l’Etat.

Une chose est sûre c’est que chacun des candidats – Murphy et Ciatarelli – a une vision radicalement différente du New Jersey du futur.