Quand je pense à Chicago, les images survoltées des urgences du Cook County, au docteur Carter avec son nez à la John Lennon, en train de courir de salle d’opération en salle d’opération me viennent à l’esprit. Je pense aussi bien-sûr à Will Gardner, bien loin des poètes disparus, dans son immense cabinet d’avocats. Je pense enfin à Kelsey Grammer qui incarne avec tellement de justesse Tom Kane, le maire de la série The Boss.

D’autres auront peut-être en tête les images du Musical Chicago… Mais Chicago, c’est surtout pas ce qu’on en attend, loin des façades bourgeoises de Magnificent Mile (Michigan Avenue) et des rues un peu endormies du quartier de Lake View. Donc voici quelques faits intéressants et peu connus sur Chicago.

Car Chicago c’est avant tout un oignon! Et pas n’importe lequel: le Checagou, mot de la langue des Miamis – peuple premier habitant la région – qui a donné son nom à la ville. Les peuples premiers ainsi que les colons français utilisaient cette plante herbacée, qui poussait sur les rives du Lac Michigan, comme nourriture.

Des recherches archéologiques ont montré que Chicago et sa région étaient déjà habitées il y a 12000 ans dans la dernière période de l’âge de glace. Il s’agissait de peuples nomades principalement, vivant de la chasse du mastodonte-genre de gros mammouth-et du caribou.

Mastodonte

Le Mastodonte

Animal préhistorique aujourd’hui disparu

Caribou

Le Caribou, déjà présent à l’ère glaciaire et qui a survécu

La fin de l’ère glaciaire a marqué le début de l’agriculture dans cette région et nos chasseurs sont devenus aussi des cultivateurs. Ce n’est qu’en 1600 avant Jésus-Christ que les Miamis et les Illinois (qui ont donné leur nom à ce État du Midwest) sont arrivés dans la région et ont commencé à commercer avec d’autres groupes voisins. Chicago est donc un hub commercial depuis longtemps déjà.

Cette caractéristique commerciale s’est encore accentuée avec l’arrivée au 17ème siècle des colons français très amateurs du commerce de fourrure, celle du renard et du castor principalement. Ce commerce intensif de la fourrure a amené les Potawatomis, peuple premier installé dans le Michigan à immigrer dans la région de Chicago. Les Potawatomis étaient des alliés de longue date des Français notamment dans le Michigan, où ils ont affronté ensemble les colons britanniques…mais ceci est une toute autre histoire qui nous emmènerait de l’autre côté de l’immense Lac Michigan et des oignons!

Au superbe Musée de la Ville, dont je conseille absolument la visite, on trouve de très belles cartes de la ville. En se baladant dans les rues, j’ai trouvé que la géographie de la ville était difficile à appréhender alors que finalement les plans des rues sont assez classiques.

Plan de Chicago

Carte de Chicago par J.S Wright – 1834

On a une impression d’immensité, beaucoup plus que dans une ville plus grande comme New York, par exemple.

Avec Baby Boy, nous avons opté pour un Airbnb dans le quartier de Boystown.

Chicago fut la première ville des États-Unis à avoir un quartier dédié à la communauté homosexuelle. Tout le quartier est balisé de pylônes aux couleurs de la fierté homosexuelle et ponctuent la balade dans ce quartier très vivant et agréable. Boystown était un quartier plutôt mal famé avant l’arrivée de ses nouveaux habitants et qui est devenu très vivant.

Boystown

Je conseille particulièrement un brunch à l’Esencia Urban Kitchen qui est à l’angle de Roscoe St et de North Broadway. Le service y est très sympa, les tacos sont délicieux et le cadre très mignon.

North Broadway est une artère très animée bordée continuellement de commerces et qui abrite un petit marché fermier, le Nettelhorst French Market – je ne sais toujours pas ce qu’il a de typiquement français – très plaisant. Cette longue rue se termine sur la très bonne adresse de la fripe Crossroads Trading Co. où j’ai trouvé un super sac Gucci vintage à un prix défiant toute concurrence!!

Chicago est aussi, de manière plutôt inattendue, l’hôte d’une superbe plage qui borde l’immense et magnifique Lac Michigan. Je doute que la première image qui vienne à l’esprit quand on évoque Chicago soit celle d’une plage et de joueuses de beach-volley!

A Chicago, à part manger des oignons en contemplant, en maillot de bain, un coucher de soleil sur le  Lac Michigan, vous pouvez également boire un verre au Signature Lounge où au 96ème étage, les pieds pratiquement dans le vide, devant la ville qui s’étale sous vos yeux.

Le bord du Lac Michigan de jourCocktail au Signature LoungeChicago la nuit

Si les hauteurs vous donnent le vertige mais que les vapeurs d’alcool de la prohibition excitent votre curiosité, Chicago héberge le repaire préféré d’Al Capone. Le Green Mill conserve encore la façade d’un speakeasy et les cocktails y sont délicieux.

A Chicago, vous pouvez aussi finir complètement arrosé! Non pas par des cocktails mais par des fontaines géantes où des personnes vous crachent dessus. Si, si!

Fontaines du centre-ville

Après vous être fait cracher dessus, je conseille de reprendre ses esprits dans le Grant Park et profiter du Festival de Blues qui se tient en juin (le Musée de Photographie Contemporaine, juste à côté, est un petit bijou hélas trop ignoré).

Enfin, vous découvrirez une ville pas si venteuse que son surnom – Windy City –  le laisserait penser. C’est parce que ce surnom n’a rien à voir avec le vent! Ou plutôt si avec le vent qui sortait supposément des politiciens vantards et creux réunis dans cette métropole du Midwest, lieu pratique de rassemblement politique.

D’autres points intéressants en vrac:

– Chicago fut le point de départ de la première Marche vers Washington au début des années 40 pour protester contre la discrimination dans les processus de recrutement des fonctionnaires et contre la ségrégation dans les forces armées.

– Le premier colon fut Français mais Chicago conserve encore plusieurs traces de l’héritage des Premières Nations. En effet, Chicago, contrairement à la plupart des grandes villes nord-américaines, a beaucoup de rues en diagonale tracées sur des sentiers créés par les Premières Nations.

– Chicago, détruite par un monstrueux incendie, s’est reconstruite en créant les premiers gratte-ciels sous les coups de crayon des architectes comme William Le Baron Jenney ou Dankmar Adler ou encore Louis Sullivan.

– La première pilule contraceptive a vu le jour à Chicago. L’initiative en revient à une femme Margaret Sanger.

Chicago est une ville aux multiples facettes qui ne se laisse pas apprivoiser facilement, même avec un trajet en métro aérien sur la Brown Line, mais qui est tellement passionnante (ses musées sont de vraies perles).Brown Line