C’est au milieu des années 1500 que les Premières Nations du Tennessee sont entrées en contact avec des explorateurs européens. Les panneaux du Musée d’Histoire du Tennessee précisent alors que « les Européens ont déplacé les tribus indigènes hors de leurs terres ancestrales en altérant radicalement leurs traditions. ». Ce sont d’abord des explorateurs espagnols – Hernando de Soto et Juan Pardo – et les tribus – Creeks, Yuchis, Chickasaws – rencontrées font partie de ce que les historiens appellent la « culture mississippienne ». Les Cherokees, présents dans l’est de l’Etat, et les Shawnee, habitants du centre et l’ouest du Tennessee, sont arrivés plus tard. Les explorateurs espagnols répandent des maladies inconnues jusqu’alors sur ce territoire et certaines tribus sont décimées.
Dans les années 1600 et 1700, les Français succèdent aux Espagnols et commencent à faire du commerce avec les Shawnee en établissant des comptoirs le long du fleuve Cumberland.
La Nation Creek (ou Confédération Creek qui regroupait aussi les Yuchis) occupait un immense territoire qui couvrait le Tennessee, la Géorgie, l’Alabama et le nord de la Floride. Ils sont descendants directs du peuple préhistorique Mississippien. Les Cherokee les forcent à quitter une bonne partie de leurs terres en occupant leurs villages.
Les Chickasaws, héritiers aussi de la « culture mississippienne », vivaient majoritairement dans le nord du Mississippi et le long du fleuve Mississippi, tout en faisant valoir leurs droits sur les terres du Tennessee occidental. Ils ont dû abandonner ces terres lors de la signature du Old Town Treaty en 1818. Andrew Jackson leur avait donné le choix : accepter de l’argent pour les terres du Tennessee occidental ou déportation sans compensation. Bien évidemment, la Nation Chickasaw a d’abord résisté puis a dû céder. En 1830, les familles Chickasaw vivaient exclusivement au bord du fleuve Duck, le long de la piste Natchez et autour de l’actuelle Memphis.
Ce que les historiens et archéologues appellent la « culture mississippienne » (le terme est controversé) est une culture préhistorique particulièrement riche. Ils construisaient à l’époque des buttes dont le sommet était une plateforme plate et large. Nous avons eu la chance d’en voir plus tard pendant notre épopée. Ces monticules servaient soit de fondations pour des temples ou les maisons des chefs soit de lieux de rassemblement.
Puis, une période plus chaude a succédé à l’âge de glace et les ours et les cerfs ont remplacé les mastodontes et les mammouths.
Lorsque la colonisation européenne s’est faite beaucoup plus pressante et violente, les Cherokee du Tennessee ont riposté. Il ne demeure hélas pas dans le Panthéon des grands combattants des Premières Nations – comme Crazy Horse ou Geronimo ou Sitting Bull – mais Dragging Canoë a mené les farouches offensives des Cherokee contre les colons. Dragging Canoë est né sur les bords du fleuve Tennessee. Lorsque les Cherokee ont fini par accepter les conditions ignobles de reddition, Dragging Canoë a continué la lutte en constituant un groupe rebelle – les Chickamaugas. Reconnu comme un grand chef, il a œuvré pour unifier les nations du Sud-Est du territoire contre l’envahisseur et pour préserver la culture Cherokee. Il est mort en 1792 à Running Water (aujourd’hui baptisée Whiteside) – une ville Chickamaugas qu’il avait aidé à fonder.
Plus les Premières Nations étaient repoussées vers l’Ouest, plus les villes coloniales se multipliaient sur les terres fertiles de la région de Cumberland à l’est de Nashville.
En 1775, les Cherokee ont été contraints par la force de vendre leurs terres à une compagnie privée (même si cela était interdit à l’époque), la Transylvania Land Company. Ce fut le Traité des Sycamore Shoals (du nom des rapides de la rivière Watauga). Le 1er novembre 1779, l’agent James Robertson, envoyé par le spéculateur foncier Richard Henderson, a débuté une expédition, accompagné de centaines de colons, qui devait les mener sur les bords du fleuve Cumberland. Ils y arrivèrent le 25 décembre 1779 et fondèrent la colonie Bluff qui devint plus tard l’actuelle Nashville. Quand l’avant-poste colonial Bluff eut établi une sorte de gouvernement local, il fut rebaptisé Nashborough.
En 1790, la Caroline du Nord céda certains de ses territoires occidentaux au gouvernement fédéral. Le Congrès américain désigna alors ces terres comme « le territoire du Sud-Ouest » et le Président George Washington nomma William Blount comme gouverneur de ce territoire avec pour mission de le constituer en Etat. Ce dernier supervisa les traités qui arrachèrent les terres aux Premières Nations. Apres le Traité de Holston, il établit la capitale du futur Etat du Tennessee, Knoxville.
En 1795, un recensement montre que les colons du Tennessee sont 77 262, beaucoup plus que les 60 000 habitants requis pour former un Etat. Le Tennessee devint donc le 16ème Etat des Etats-Unis le 1er juin 1796.
Parallèlement, la Nation Cherokee décida de copier les modes de gouvernance américains et établit un gouvernement centralisé à même de revendiquer des terres et entreprendre des actions en justice.
Malgré les actions intentées en justice par les Cherokee ou la résistance des Chickasaws, des Creeks, des Seminoles et des Choctaws, sous le gouvernement de Jackson, en 1830, les tribus du Sud-Est ont été déportées (environ 60 000 personnes) vers l’Ouest pendant ce qu’on appelle le « Trail of Tears ».
Rappelons ici brièvement que Jackson – septième Président des Etats-Unis – fut le premier Président originaire de l’Ouest des Appalaches et même s’il fut natif de Caroline du Nord, il a passé la majorité de sa carrière politique et militaire au Tennessee où il est d’ailleurs décédé.
Dans les années 1800, le Tennessee devint de plus en plus riche grâce au travail des esclaves et les petites enclaves dispersées devinrent des fermes prospères.
Mais dès 1840, beaucoup de colons américains au Tennessee et dans l’ensemble du territoire ont les yeux tournés vers les territoires de l’Ouest encore inexplorés pour eux. Beaucoup adhèrent alors à la « Destinée Manifeste » et croient que Dieu leur a octroyé le droit (voire le devoir) de s’étendre jusqu’à l’Océan Pacifique (elle se transformera en « Doctrine Monroe »).
Dans les années 1860, les habitants du Tennessee sont majoritairement des fermiers, des fermes de subsistance dans les Appalaches aux immenses plantations de l’Ouest de l’Etat. Les 3 grandes villes de l’Etats – Knoxville, Nashville et Memphis – étaient des centres commerciaux et culturels animés.
L’industrie du fer, qui apporte une grande richesse au Tennessee, reposait principalement sur le travail des esclaves. En 1860, on comptait 275 000 esclaves dans l’Etat. Les esclaves travaillaient dans les mines et dans les fourneaux où ils transformaient le minerai en un produit commercialisable. La plupart de ces esclaves étaient des hommes qui avaient été séparés de leurs familles et contraints de travailler là dans d’atroces conditions. On retrouve donc le scenario habituel de la création de richesses au début des Etats-Unis.
D’ailleurs, de la construction d’immeubles, de ponts, de chemins de fer, les esclaves ont construit l’écrasante majorité de l’infrastructure du Tennessee. Les gouvernements locaux de l’Etat soit achetaient directement des esclaves soit les louaient aux propriétaires esclavagistes.
De leur côté, les femmes esclaves étaient forcées de produire de grandes quantités de textiles et de vêtements pour les habitants du Tennessee.
Une grande partie des esclaves du Tennessee vivait dans les fermes et pratiquait un travail agricole pénible.
Les esclavagistes représentaient, en 1860, environ 25% de la population du Tennessee mais la majorité des habitants de l’Etat bénéficiait du travail des esclaves.
Le Tennessee ne reconnaissait pas les mariages ni les liens de filiations entre esclaves.
Une minorité d’Afro-Américains n’était pas soumise à l’esclavage et vivait de petits commerces, principalement à Nashville et à Memphis. Ils n’étaient, cependant, pas reconnus comme des citoyens. Certains esclaves affranchis ont créé la communauté de Free Hill en 1816, qui accueillait clandestinement des esclaves fugitifs. Cette communauté est devenue particulièrement florissante après la Guerre Civile. Cette communauté se trouve à 182 kilomètres au nord-est de Nashville.
Une autre communauté d’anciens esclaves s’établit en 1825 à Nashoba, près de l’actuel Memphis. Cette petite bourgade fut créée par Frances Wright qui fut la première femme blanche américaine à prendre publiquement parti contre l’esclavage. Son idée était de créer une communauté utopique sur le modèle de la colonie « New Harmony » de Robert Owen. Cependant, ce ne fut absolument pas la communauté de rêve envisagée initialement et Nashoba sombra dans le chaos et l’oubli.
Au-delà de Tom Sawyer, né sur les bords du fleuve Mississippi comme le veut la chanson, un autre personnage célèbre du Tennessee fut David Crockett. David, ou Davy, Crockett, que la culture populaire représente souvent avec un couvre-chef en fourrure de raton-laveur et un fusil de chasseur à la main, était en fait un homme politique du Tennessee. Ce fut un farouche opposant au Président Jackson qu’il avait pourtant servi au sein d’une milice créée par Jackson destinée à éradiquer les tribus Creek. Crockett s’opposa avec virulence à ce qu’on appelle L’ « Indian Removal », c’est-à-dire la déportation des tribus indigènes vers l’Ouest.
Après la guerre civile, le Tennessee adopta le 13ème amendement qui abolit l’esclavage en 1865 puis le 14ème amendement qui donne les grandes lignes des droits des citoyens en 1866 et est le premier Etat à être réintégré dans l’Union le 24 juillet 1866.
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